COUP DE CŒUR DU WEEK-END
Découverte chanson française

Pascale Vyvère, cette redoutable chanteuse de charme


ENFIN ! Pascale Vyvère, jeune espoir de la chanson française de Belgique, s'exprime enfin sur CD. Un premier petit bout de laser vient d'atterrir dans les rayons de vos disquaires, ne boudez pas ces délicieuses minutes de luxe, de calme et de volupté. Car Pascale Vyvère, compositeur interprète quand elle n'est pas comédienne, renoue sans complaisance avec la grande tradition de la chanson française. Du texte, une voix, des arrangements musicaux, une personnalité, un univers fait d'ambiances chaleureuses et surannées, cette première livraison de chansons tendres et mélancoliques devrait ravir tous ceux qui, dans le dédale des productions actuelles, cherchent avant tout la qualité…
Je vous attends, titre choisi pour ce premier CD, n'est peut-être pas innocent. Pascale Vyvère, active sur la scène bruxelloise depuis quelques années, attend aujourd'hui une consécration bien méritée. Elle ne peut évidemment passer que par la reconnaissance du grand public. Ce premier disque compact est donc une étape essentielle dans la carrière de cette jeune Bruxelloise, installée dans le Brabant wallon.
Son parcours explique la qualité de cette première livraison et révèle toutes les potentialités du vivier de la jeune chanson bruxelloise. Comédienne de formation, musicienne d'éducation, Pascale Vyvère s'exprime sur toutes les scènes. Celles de nos théâtres ou celles de nos salles de concerts. Après la Soupape et la Samaritaine, deux cafés-théâtres bruxellois, le Botanique lui offre, en 1993, un premier auditoire. Rapidement, cette chanteuse formée aux Ateliers chansons de Bruxelles s'offre quelques premières parties intéressantes en Belgique ou à l'étranger : Maurane, Catherine Lara, Hugues Aufray.
Une rencontre avec Romain Didier affirme un autre des talents de cette future grande dame de la chanson française : l'écriture. Pascale Vyvère met en effet cette formation multiple au service de sa propre sensibilité. S'exprimant tant musicalement que par écrit, elle a choisi de faire confiance à de nombreux musiciens belges pour compléter les arrangements de son disque et de son nouveau spectacle : Gwenaël Micault, Philippe Navarre, André Klénès, Michel Seba, Poney Gross. Aux textes, légers et fragiles comme des bulles de savon de Pascale Vyvère s'ajoutent une création de Christophe Vervoort et une très belle reprise des Mots d'amour de Charles Dumont (enregistré en prise directe avec Romain Didier au piano).
Le tout confère à ce premier album une étonnante cohérence. Ce CD tout en nuances est de ceux qui nous font voyager… en compagnie d'une chanteuse de charme.

Elysabeth Loos / La Lanterne, Bruxelles

PASCALE VYVÈRE
JE VOUS ATTENDS

Pascale Vyvère a pris son temps pour mûrir et peaufiner ce premier album. Dans le choix des musiques et des musiciens qui l'entourent, pour la plupart frottés au jazz et emmenés par ce maître du bandonéon et de l'accordéon qu'est Gwénaël Micault (remarquable arrangeur aussi), avec le raffinement d'un quatuor à cordes sous la direction du violoniste (jazz) Jean-Pierre Catoul.
Elle qui n'était qu'interprète, à ses débuts (cf. Chorus6, Portrait), a aussi - encouragée par Romain Didier - voulu écrire, cassant de la sorte une étiquette de chanteuse néo-réaliste (belge) que d'aucuns s'étaient empressés de lui coller. Pourtant, paradoxalement, c'est avec une composition de Christophe Vervoort que ce disque s'ouvre, clôturé par la reprise des Mots d'amour d'Edith Piaf et Charles Dumont (avec Romain au piano). Les neuf autres sont de Pascale pour les paroles, de Pascale et Gwenaël pour les musiques.
Etonnamment, malgré la diversité des thèmes d'inspiration, la variété des rythmes empruntant au blues et aux sonorités latines des Caraïbes aussi bien qu'aux traditions populaires ou à l'expérimentation contemporaine, l'ensemble est d'une belle cohérence. Certes, la voix qui se joue des difficultés y concourt. Mais il y a aussi cette écriture poétique, voire surréaliste : Habillé en pingouin, tenue de mise / Je jouais du Chopin pour les marquises / Maintenant mes mains jouent seules / Plus de clavier sous mes doigts / C'est comme un grand linceul / Autour de moi et j'ai froid…

Francis Chenot / Chorus, Paris